lundi 14 mai 2012

Comment estimer un autographe

J'ai reçu ces dernier temps de nombreux mails au sujet de la valeur des autographes. Comment donner un prix à un document manuscrit ? Une lettre autographe étant unique, la valeur de celle-ci dépend de nombreux facteurs (son rédacteur, son contenu, sa rareté, l'état du document...). Parfois, il est extrêmement difficile d'estimer une lettre sachant que le professionnel ou le particulier ne peuvent pas totalement se fier à un prix du marché. On observera pour une personnalité des variations de prix très importantes d'un expert à l'autre ou d'une vente aux enchères à une autre vente aux enchères.

Thierry Bodin, expert près la Cour d'appel de Paris et gérant de la librairie Les Autographes à Paris est intervenu lors d'une conférence donnée à Bourges en 1997 sur cette problématique. Je reproduis in extenso son intervention afin d'éclairer les nouveaux collectionneurs : 

"[...] il faut bien définir un prix, quand on rédige un catalogue. On va donc mettre un prix de vente au document, de même que lorsqu'on prépare une vente publique, il faut mettre une estimation. C'est probablement la partie la plus difficile et la moins agréable dans notre travail, puisqu'il n'y a ni règles, ni normes. Les critères ? Il n'y a pas de cotes préétablies puisque dans le domaine du manuscrit, tout document est unique. 

Un certain nombre de paramètres interviennent cependant : la notoriété du personnage, sa rareté, mais aussi parfois la mode : par exemple, des manuscrits de Pierre Loti ont atteint à la vente Barthou des prix plus élevés que d'autres auteurs qui nous semblent plus importants. Tout peut changer selon le jeu de la demande et de la mode. Des écrivains vont passer au purgatoire et d'autres vont revenir au premier plan. 
Mais le critère le plus significatif sera l'intérêt du document, son contenu ; c'est là le point essentiel pour déterminer la valeur du document. Il est bien évident qu'une lettre de Porto-Riche n'aura pas la même valeur qu'une lettre de Baudelaire. Mais un billet de Baudelaire pour repousser un rendez-vous et une très longue lettre où il va expliquer l'intérêt des Fleurs du mal  auront plusieurs zéros de différences. 

Je donne deux exemples : une petite lettre de Victor Hugo, un billet de remerciement pour une invitation valent entre 1.000 et 1.500 francs et une belle lettre sur Les Misérables peut atteindre 50.000 francs ; un petit billet de Baudelaire vaut 4.000 à 5.000 francs et nous avons récemment vendu une lettre à Madame Sabatier qui a fait 450.000 francs. Comme vous le voyez, l'éventail est très large".


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