mercredi 11 décembre 2013

Quand Claude Monet suppliait qu'on lui achète ses croûtes

Certaines lettres autographes sont davantage qu'un témoignage écrit. Ce sont de véritables trésors patrimoniaux. C'est le cas de cette extraordinaire lettre autographe de Claude Monet dans laquelle le peintre, à bout financièrement (et pour ne pas dire psychologiquement), implore presque un collectionneur de le tirer d'affaire en lui achetant une de ses "croûtes"... Croûtes qui auront quelques années plus tard une valeur d'autant plus grande qu'elles révolutionneront l'art de peindre.

Malgré l'appui du célèbre marchand visionnaire Paul Durand-Ruel et un succès d'estime auprès de quelques peintres, Claude Monet en cette fin des années 1870 traverse une des périodes les plus difficiles de sa vie : 37 ans, une femme malade, des enfants à charge, une vie d'itinérance perpétuelle, et des dettes qui s'accumulent. De quoi décourager le peintre de toutes entreprises artistiques et de le pousser à ranger ses palettes et ses pinceaux.

C'est dans son contexte qu'il écrit à un collectionneur, Victor Choquet, une lettre suppliante : 

"Je suis confus et vous demande un peu d’indulgence pour un pauvre sans-le-sou mais je ne sais vraiment pas où donner de la tête et je viens vous demander de vouloir bien me prendre une ou deux de mes croûtes que je vous laisserai au prix que vous y pourrez mettre 50 F 40 ce que vous pourrez car je ne puis attendre plus longtemps. Je serai chez moi demain samedi 17 rue Moncey dès 3 heures et j’espère que vous ne refuserez pas d’y venir.

Excusez je vous en prie mon indiscrétion et croyez à mes sentiments.
Claude Monet.
17 rue Moncey"

Passionné, patient, obstiné, sûr de son art, Claude Monet continuera malgré tout à sacrifier son temps à la peinture, à sa peinture qu'un critique (Louis Leroy) nommera de manière narquoise "impressionnisme". Monet devra attendre encore dix longues années et la fin des années 1880 pour enfin vivre de ses peintures. 

La lettre est disponible et en vente à la Galerie Thomas Vincent (www.galeriethomasvincent.fr)


vendredi 6 décembre 2013

Atypique : Le contrat de création de la société Apple



Comme beaucoup de collectionneurs que je côtoie, vous pouvez me dire, et je 
serais bien d'accord : notre passion ne se résume pas seulement aux lettres autographes de Victor Hugo, aux autographes de de Napoléon, de Guillaume Apollinaire ou de Charles de Gaulle. L'Histoire continue de s'écrire et des grands noms apparaissent même si l'acte d'écrire se raréfie et qu'il est parfois bien difficile de trouver un document lié à une personnalité récente. 
Donc, dans la série des autographes et manuscrits "contemporains" et atypiques, aujourd'hui je me penche sur le contrat de création de la société Apple, le géant californien de l'informatique. 

Il s'agit du tapuscrit du contrat donnant naissance à Apple, daté du 1er avril 1976 et portant les signatures manuscrites de Steve Jobs, Stephen Wozniak et Ronald Wayne
L'histoire est connue, résumons la : Jobs est salarié chez Atari depuis 1974 mais il ne s'y plait pas. Son cerveau bouillonne d'idées mais il a conscience qu'il a besoin de s'entourer pour mener à bien ses projets. C'est alors qu'avec son ami Wozniak et avec Wayne (un business man rencontre chez Atari), Jobs décide de tout larguer pour tenter l'aventure entrepreneuriale. Mais il ne part pas sur un coup de tête; plutôt sur une intuition et une grande idée. En effet, son ami Wozniak a inventé et mis au point un ordinateur personnel de bureau. Coup de chance, l'employeur de Wozniak, HP, n'y croit pas du tout. Jobs prend l'initiative de tout mettre en oeuvre afin de fabriquer et de distribuer ce tout nouveau ordinateur. 
Les trois hommes se réunissent et rédigent un contrat qui répartissait les tâches et le capital. La suite, nous la connaissons... Réussite fulgurante.

En 2011, Sotheby's New-York met en vente ce contrat dont l'estimation était "raisonnable" (quel sens donner à ce mot ? C'est un autre débat) : 100.000 / 150.000 $. Lors de la vente, plusieurs acheteurs (une vingtaine en salle, six au téléphone) se manifestent et se livrent à une bataille d'enchères mémorables. Résultat, ce contrat est adjugé 1.594.500 dollars. Et c'est un homme d'affaires américain, Eduardo Cisneros, patron d'une entreprise spécialisée dans la production télévisée qui se porte acquéreur. 

Ce contrat devient l'un des documents manuscrits les plus chers de l'histoire des ventes aux enchères (devant les autographes de Van Gogh entre autres).



lundi 2 décembre 2013

Hergé reconnait la difficulté de dessiner

Ce mois-ci, la Galerie Thomas Vincent, spécialisée en lettres autographes, propose une très belle lettre de Georges Prosper Rémi (1907-1983), plus célèbre sous le diminutif d'Hergé.

Alors qu'il répond aimablement à une lettre d'un professeur américain, et qu'il lui envoie des croquis (chanceux !) le père de Tintin confie : 

"Je vous envoie quelques croquis (...) ils montrent que, dans la fraîcheur apparente des dessins finis, il y a une longue recherche pour trouver la ligne parfaite"

Si l'anglais d'Hergé apparait hésitant dans le texte, cette lettre comme tant d'autres, témoigne de l'affection et du temps que prenait l'auteur belge pour répondre lui-même à tous ses admirateurs.

Autographes d'Hergé