Malgré l'appui du célèbre marchand visionnaire Paul Durand-Ruel et un succès d'estime auprès de quelques peintres, Claude Monet en cette fin des années 1870 traverse une des périodes les plus difficiles de sa vie : 37 ans, une femme malade, des enfants à charge, une vie d'itinérance perpétuelle, et des dettes qui s'accumulent. De quoi décourager le peintre de toutes entreprises artistiques et de le pousser à ranger ses palettes et ses pinceaux.
C'est dans son contexte qu'il écrit à un collectionneur, Victor Choquet, une lettre suppliante :
"Je suis confus et vous demande un peu d’indulgence pour un pauvre sans-le-sou mais je ne sais vraiment pas où donner de la tête et je viens vous demander de vouloir bien me prendre une ou deux de mes croûtes que je vous laisserai au prix que vous y pourrez mettre 50 F 40 ce que vous pourrez car je ne puis attendre plus longtemps. Je serai chez moi demain samedi 17 rue Moncey dès 3 heures et j’espère que vous ne refuserez pas d’y venir.
Excusez je vous en prie mon indiscrétion et croyez à
mes sentiments.
Claude Monet.
17 rue
Moncey"
Passionné, patient, obstiné, sûr de son art, Claude Monet continuera malgré tout à sacrifier son temps à la peinture, à sa peinture qu'un critique (Louis Leroy) nommera de manière narquoise "impressionnisme". Monet devra attendre encore dix longues années et la fin des années 1880 pour enfin vivre de ses peintures.
La lettre est disponible et en vente à la Galerie Thomas Vincent (www.galeriethomasvincent.fr)